Témoignages



Les révoltés de la Shoah
Présenté par Marek Halter


"Un jeune officier français organise un maquis juif; un adolescent lance des bombes; une jeune fille humilie son bourreau; un ghetto tout entier sort les armes; une foule de rescapés crée un village clandestin... Les uns et les autres témoignent qu'il y a eu diverses façons de se révolter, mais aussi que toutes disent la même chose à l'oppresseur : il a échoué. Pour la première fois réunis, voici les témoignages saisissants de ceux qui se sont dressés les armes à la main face à la barbarie nazie. Ces textes n'avaient pas été réédités pour certains depuis la fin de la guerre; d'autres depuis trente ou quarante ans; l'un d'eux n'avait jamais été publié en français." 

Les révoltés de la Shoah 
Dossier présenté par Marek Halter 
Editions Omnibus, juillet 2010
1246 pages 


Témoignages sur Auschwitz
Préface de Jean Cassou


"De nombreux récits ont déjà été publiés relatant les atrocités commises par les nazis dans les camps se trouvant autour d'Auschwitz. Au début, les lecteurs se sont jetés sur ces renseignements qui paraissaient incroyables. Ils ont pensé d'abord que les auteurs exagéraient, puis, ils se sont rendus compte à quel point ces rapports étaient tous semblables. Ce n'est pas pour nous plaindre, ni pour vous faire frémir à votre tour, que nous semblons nous complaire dans des détails horribles, mais c'est parce que nous sommes les messagers de ceux qui ne sont plus là pour vous les raconter. Qui de nous n'a plus dans les oreilles cette recommandation d'un ou d'une camarade de souffrance qui, au moment de partir consciemment pour la chambre à gaz, disait : "Surtout, si tu rentres, raconte bien tout ce dont nous avons souffert. Il faut qu'"ils" le sachent pour qu'ils nous vengent et qu'ils fassent en sorte que cela ne recommence plus." C'est pour accomplir cette tâche sacrée que nous essayerons de donner une idée de la variété dans les souffrances que nous avons subies."





Témoignages sur Auschwitz
Préface de Jean Cassou
Dessins de François Reisz
Edition de l'Amicale des Déportés d'Auschwitz, Paris, 1946
204 pages


ROBERT ANTELME 
L'espèce humaine


"Quand l'homme en est réduit à l'extrême dénuement du besoin, quand il devient "celui qui mange les épluchures", l'on s'aperçoit qu'il est réduit à lui-même, et l'homme se découvre comme celui qui n'a besoin de rien d'autre que le besoin pour, niant ce qui le nie, maintenir le rapport humain dans sa primauté. Il faut ajouter que le besoin alors change, qu'il se radicalise au sens propre, qu'il n'est plus qu'un besoin aride, sans jouissance, sans contenu, qu'il est rapport nu à la vie nue et que le pain que l'on mange répond immédiatement à l'exigence du besoin, de même que le besoin est immédiatement le besoin de vivre. Levinas, dans diverses analyses, a montré que le besoin était toujours en même temps jouissance, c'est-à-dire qu'en mangeant je ne me nourrissais pas seulement pour vivre, je jouissais déjà de la vie, m'affirmant moi-même, m'identifiant à moi dans cette première jouissance. Mais ce que nous rencontrons maintenant dans l'expérience d'Antelme qui fut celle de l'homme réduit à l'irréductible, c'est le besoin radical, qui ne rapporte plus à moi-même, à la satisfaction de moi-même, mais à l'existence humaine pure et simple, vécue comme manque au niveau du besoin. Et sans doute s'agit-il encore d'une sorte d'égoïsme, et même du plus terrible égoïsme, mais d'un égoïsme sans ego, où l'homme, acharné à survivre, attaché d'une manière qu'il faut dire abjecte à vivre et à toujours vivre, porte cet attachement comme l'attachement impersonnel à la vie, et porte ce besoin comme le besoin qui n'est plus le sien propre, mais le besoin vide et neutre en quelque sorte, ainsi virtuellement celui de tous. "Vivre, dit-il à peu près, c'est alors tout le sacré." Maurice Blanchot (L'Expérience-limite)

L'Espèce Humaine
Robert Antelme 
Tel Gallimard, Paris, mars 1978
306 pages 


HENRI BORLANT
Merci d'avoir survécu 



"Parfois, j'ai comme un vertige. Lors d'un voyage à Auschwitz avec des adolescents en 1995, Serge Klarsfeld m'a présenté : "Henri Borlant est le seul survivant des six mille enfants juifs de France de moins de seize ans déportés à Auschwitz en 1942."C'est très impressionnant de se dire que sur six mille enfants, on est le seul à pouvoir parler, je n'ai donc pas le droit de me taire."


Merci d'avoir survécu
Henri Borlant
Seuil, Paris, mars 2011
185 pages 







SAM BRAUN
Personne ne m'aurait cru, alors je me suis tu


"Il aura fallu quarante ans à Sam Braun pour témoigner. Jusqu'à ce jour où il décide de rompre le silence et entreprend un travail de mémoire. L'auteur a tiré une sagesse peu commune de son incarcération à Buna-Monowitz, un des nombreux camps du complexe concentrationnaire d'Auschwitz. C'est ce récit d'une densité extraordinaire qu'a recueilli Stéphane Guinoiseau qui raconte avec précision et sincérité l'expérience des camps et le difficile retour à la parole, retenant le flot sensible de l'émotion pour mieux nous parler d'humanisme." 

Personne ne m'aurait cru, alors je me suis tu
Sam Braun
Entretien avec Stéphane Guinoiseau
Editions Albin Michel, Paris, décembre 2007
266 pages 




JEAN CHATAIN
Pitchipoï via Drancy
Le camp (1941 - 1944)
Préface d'Albert Lévy 


"Pitchipoï via Drancy, le camp 1941-1944, est un livre de la mémoire. Non pas celui d'une histoire fossilisée, mais, à travers enquêtes, documentations, témoignages de rescapés, le livre de notre histoire vivante, à restituer à tous, notamment aux jeunes de notre pays. Car ce livre n'a qu'un objextif : dire et toujours redire la réalité de l'horreur de la barbarie nazie et de la collaboration pétainiste qui ont conduit plus de cent mille d'entre eux, soixante mille hommes, femmes et enfants juifs à prendre à Drancy le train de la mort qui les attendait à Auschwitz. Deux mille seulement ont survécu. Pour que jamais plus ces temps-là ne reviennent, "pas d'oubli" est-il inscrit sur le monument érigé sur les lieux du camp à Drancy. C'est cette volonté commune qui a conduit le Conseil général de la Seine-Saint-denis et son président, Georges Valbon, et la ville de Drancy et son maire, Maurice Nilès à participer à l'édition de cet ouvrage. 1941-1991, pour mémoire." 





Pitchipoï via Drancy
Le camp (1941 - 1944)
Jean Chatain
préface d'Albert Lévy
Editions Messidor, septembre 1991
301 pages



Lettres de Drancy
Introduction de Denis Peschanski




"Ma très chérie. Nous voici en route pour X. Aucune idée. Tous les tuyaux circulent, Allemagne, Pologne aussi bien que les Pyrénées. On verra bien... Ça peut être très long, mais on reviendra. Je ne crains qu'une seule chose, c'est de vous voir nous rejoindre. Le reste n'est qu'une aventure qui doit être supportable sans gros dommage. Au revoir, mon amour. Je vous embrasse tous quatre très très tendrement. Jean." 27 mars 1942, jeté du premier convoi Drancy-Auschwitz

"Ce recueil de 130 lettres témoigne de l'internement et de la déportation des juifs en France entre 1941 et 1944. Une persécution dont l'été et le printemps 1942 constituent le tournant, avec la grande rafle du Vel d'Hiv et les premiers convois vers Auschwitz. Les internés, leur famille, de simples témoins disent leur angoisse, leurs préoccupations quotidiennes, leur bonheur interrompu, leur incompréhension. Ils tissent un récit à plusieurs voix, issues de la France entière et convergeant vers le camp de Drancy, antichambre de la déportation et de l'extermination."



Lettres de Drancy
Introduction de Denis Peschanski
Editions Tallandier, juillet 2002
287 pages



J. CRÉMIEUX-DUNAND
La vie à Drancy
1941 - 1944


"Pour faire apprécier un peintre, on réunit ses oeuvres en une exposition, on peut ainsi le suivre dans son évolution et comparer, apprécier son travail : première manière, deuxième manière, etc... A Drancy, c'est l'exposition du plus grand artiste : Dieu. Son oeuvre, c'est l'homme, qu'il a créé à son image. Oeuvre très belle, améliorée, perfectionnée vis-à-vis d'autres êtres vivants et de tout ce qu'il a aussi produit, mais non pas oeuvre sans défauts. Ses oeuvres ici réunies ont vu le jour sous différentes latitudes et les sujets représentés, exposés, ont de quelques jours à 97 ans, les deux sexes y figurent, il y en a de toutes origines, de toutes catégories, des bien portants, des malades, des infirmes. Trois mille personnes (il y en a eu jusqu'à cinq mille à la fois) vivent coude à coude dans un nombre restreint de mètres carrés. Contact quotidien, incessant, jusqu'à la cohabitation des deux sexes, dans une même chambre. A la mi-juillet 1943, plus de 50.000 internés sont passés par le Camp de Drancy. Il est alors facile d'admettre que celui qui y a vécu un certain temps a acquis la réelle, la vraie connaissance de l'humanité."





La vie à Drancy
1941 - 1944
J. Crémieux-Dunand
Editions Gedalge, Paris,  3ème trimestre 1945
262 pages


BORIS CYRULNIK
Je me souviens...

""Ça fait soixante-quatre ans que je n'ai rien pu dire, c'est la première fois que je le fais. Je me rappelle, j'habitais ici. Et puis un jour, ou plutôt une nuit - c'était tôt le matin quand j'ai été arrêté -, la rue a été barrée de chaque côté par des soldats en armes. C'étaient des Allemands, mais j'ai été arrêté par la police française. Il y avait des camions en travers de la rue et puis, devant la porte, une traction avant avec des inspecteurs en civil, des inspecteurs français qui étaient là pour arrêter un enfant de six ans et demi !" Boris Cyrulnik évoque, dans ce livre très personnel, son enfance, son arrestation, son évasion et surtout l'insoumission aux hommes et aux idées."

Je me souviens...
Boris Cyrulnik
Editions Odile Jacob, Poches, mars 2010
84 pages





CHARLOTTE DELBO
Le Convoi du 24 janvier


"Venues de toutes les régions de France et de tous les horizons politiques, issues de toutes les couches sociales, représentant toutes les professions, d'âges mêlés mais où dominait la jeunesse, deux cent trente femmes quittaient Compiègne pour Auschwitz, à trois jours et trois nuits de train dans les wagons à bestiaux verrouillées, le 24 janvier 1943. Sur deux cent trente, quarante neuf reviendraient, et plus mortes que vives. La majorité d'entre elles étaient des combattantes de la Résistance, auxquelles était mêlée la proportion habituelle de "droit commun" et d'erreurs judiciaires. Nous disons "proportion habituelle" parce qu'il est apparu que deux cent trente individus constituaient un échantillon sociologique, de sorte que ce livre donne une image de tous les convois de déportés, montre tous les aspects de la lutte clandestine et de l'occupation, toutes les souffrances de la déportation."

Le Convoi du 24 janvier
Charlotte Delbo
Editions de Minuit "Grands Documents", Paris, 1966
304 pages 



CHARLOTTE DELBO
Auschwitz et après I
Aucun de nous de reviendra


"Aucun de nous ne reviendra est, plus qu'un récit, une suite de moments restitués. Ils se détachent sur le fond d'une réalité impossible à imaginer pour ceux qui ne l'ont pas vécue. Charlotte Delbo évoque les souffrances subies et parvient à les porter à un degré d'intensité au-delà duquel il ne reste que l'inconscience ou la mort. Elle n'a pas voulu raconter son histoire, non plus que celle de ses compagnes; à peine parfois des prénoms. Car il n'est plus de place en ces lieux pour l'individu."


Auschwitz et après I
Aucun de nous ne reviendra
Charlotte Delbo
Editions de Minuit "Documents", Paris, 1970
184 pages 




CHARLOTTE DELBO
Auschwitz et après II
Une connaissance inutile


"Une connaissance inutile est le troisième ouvrage de Charlotte Delbo sur les camps de concentration. Après deux livres aussi différents par leur forme et leur écriture que Aucun de nous ne reviendra et Le Convoi du 24 janvier, c'est dans un autre ton qu'on lira ici Auschwitz et Ravensbrück. On y lira plus encore une sensibilité qui se dévoile à travers les déchirements. Si les deux précédents pouvaient apparaître presque impersonnels par leur dépouillement, dans celui-ci elle parle d'elle. L'amour et le désespoir de l'amour - l'amour et la mort; l'amitié et le désespoir de l'amitié - l'amitié et la mort; les souffrances, la chaleur de la fraternité dans le froid mortel d'un univers qui se dépeuple jour à jour, les mouvements de l'espoir qui s'éteint et renaît, s'éteint encore et s'acharne..."

Auschwitz et après II
Une connaissance inutile
Charlotte Delbo
Editions de Minuit "Documents", Paris, 1970
192 pages 


CHARLOTTE DELBO
Auschwitz et après III
Mesure de nos jours


"Et toi, comment as-tu fait ? pourrait être le titre de ce troisième volume de Auschwitz et après. Comment as-tu fait en revenant ? Comment ont-ils fait, les rescapés des camps, pour se remettre à vivre, pour reprendre la vie dans ses plis ? C'est la question qu'on se pose, qu'on n'ose pas leur poser. Avec beaucoup d'autres questions. Car si l'on peut comprendre comment tant de déportés sont morts là-bas, on ne comprend pas, ni comment quelques-uns ont survécu, ni surtout comment ces survivants ont pu redevenir des vivants. Dans Mesure de nos jours, Charlotte Delbo essaie de répondre, pour elle-même et pour d'autres, hommes et femmes, à qui elle prête sa voix."

Auschwitz et après III
Mesure de nos jours
Charlotte Delbo
Editions de Minuit "Documents", Paris, 1971
214 pages


ZALMEN GRADOWSKI
Au coeur de l'enfer
préface de Pierre-Emmanuel Dauzat


"Zalmen Gradowski appartenait à un Sonderkommando, ces équipes de déportés, juifs pour la plupart, chargés d'assurer le fonctionnement des chambres à gaz et des crématoires d'Auschwitz-Birkenau. Témoins des opérations de gazage et donc privés de tout espoir de survie, les membres de ces "équipes spéciales" étaient régulièrement exécutés. Seul Gradowski parvient à raconter. S'élève alors une voix qui s'adresse à l'humanité entière depuis le seuil de la mort, une voix qui, aux confins de l'horreur, refuse d'être réduite au silence. En écrivant Au coeur de l'enfer, il témoigne de la disparition de son peuple et rend compte de l'anéantissement de la mémoire juive. Ce manuscrit aux qualités littéraires rares, rédigé en 1944 et enfoui dans le sol à quelques pas du crématoire III, livre une réflexion d'une étonnante lucidité sur la destruction systématique de la vie et du monde juif. Ne pas lire Gradowski, c'est le priver de sépulture une seconde fois."





Au coeur de l'enfer
Zalmen Gradowski
Préface de Pierre-Emmanuel Dauzat
Traduit du yiddish par Batia Baum
Editions Texto, "Le goût de l'Histoire", mars 2009
239 pages


ADÉLAÏDE HAUTVAL
Médecine et crimes contre l'humanité
Le refus d'un médecin, déporté à Auschwitz, de participer aux expériences médicales


"Pour le Docteur Adélaïde Hautval, fille d'un passeur alsacien, ce qu'elle appelait les "valeurs premières" devait demeurer, quelles que soient les circonstances. Elle eut à les défendre au péril de sa vie lorsqu'elle fut déportée à Auschwitz en janvier 1943, avec deux cent cinquante Françaises, arrêtées dans la Résistance. Affectée comme médecin au Block des expriences médicales sur la stérilisation, elle réussit d'abord à ne faire que soulager les jeunes martyrisées, observant scientifiquement les horreurs perpétrées par les médecins SS. Mais quand elle reçut l'ordre de prêter la main aux actes criminels, elle refusa. Elle s'était préparée à cet éventuel refus et à la mort qui s'ensuivrait. Elle fut sauvée de l'exécution par une détenue politique allemande, chef de l'infirmerie. En 1946, elle jeta sur le papier plusieurs épisodes de ce qu'elle avait vécu, mêlés de courtes réflexions sur les drames profonds qui se posaient aux déportés pour maintenir le cap de "l'inviolabilité et de la primauté de la personne humaine". Elle ne toucha plus à ses notes pendant une bonne quarantaine d'années. Mais comme elle voyait la violence se réinstaller dans le monde, l'angoisse la poussa à trier ses papiers et à en dactylographier l'essentiel peu avant sa mort. Elle confia son manuscrit à ses camarades de camp qui, grâce au Docteur Claire Ambroselli de l'INSERM (Institut national de la santé et de la recherche médicale), purent les faire éditer une première fois aux Editions Actes Sud en 1991".

Médecine et crimes contre l'humanité
Le refus d'un médecin, déporté à Auschwitz, de participer aux expériences médicales
Adélaïde Hautval
Editions le Félin, "Résistance Liberté-Mémoire", septembre 2006
120 pages
ou Editions Actes Sud, 1991


RUDOLF HOESS
Le commandant d'Auschwitz parle


"Rudolf Hoess a été pendu à Auschwitz en exécution du jugement du 4 avril 1947. C'est au cours de sa détention à la prison de Cracovie, et dans l'attente du procès, que l'ancien commandant du camp d'Auschwitz a rédigé cette autobiographie sur le conseil de ses avocats et des personnalités polonaises chargés de l'enquête sur les crimes de guerre nazis en Pologne. On peut en voir l'original au crayon dans les archives du Musée d'Auschwitz. Conçu dans un but de justification personnelle, mais avec le souci d'atténuer la responsabilité de son auteur en colorant le mieux possible son comportement, celui de ses égaux et des grands chefs SS, ce document projette une lumière accablante sur la genèse et l'évolution de la "Solution finale" et du système concentrationnaire. Ce "compte rendu sincère" représente l'un des actes d'accusation les plus écrasants qu'il nous ait été donné de connaître contre le régime dont se réclame l'accusé, et au nom duquel il a sacrifié, comme ses pairs et ses supérieurs, des millions d'être humains en abdiquant sa propre humanité."





Le commandant d'Auschwitz parle
Rudolf Hoess
Editions Maspero, "PCM", mars 1979
290 pages 

   
HERMANN LANGBEIN
Hommes et femmes à Auschwitz


"Trente années après la libération du camp d'Auschwitz, pour la première fois peut-être, approche-t-on l'essentiel. En effet, Hermann Langbein ne se borne pas à relater ses souvenirs ou ceux d'autrui. Il ne se borne pas non plus à retracer l'historique de ce camp de concentration; il dépeint le comportement des hommes, tous les hommes, qu'ils soient déportés ou gardiens, dans les conditions extrêmes où ils trouvaient placés, à Auschwitz. Hermann Langbein était sans doute seul à pouvoir réussir ce travail, qui lui a pris quinze années. D'origine viennoise, il a été interné dans plusieurs camps, dont celui d'Auschwitz, où il exerce les fonctions de secrétaire du médecin-chef de la place, un poste d'observation de choix. Après la libération, ses responsabilités successives dans les organisations d'anciens déportés lui ont permis, mieux que personne, de recueillir tous les témoignages possibles, de consulter tous les documents sur Auschwitz. Il a interrogé également les anciens SS. Son livre est VRAI. Contrairement à ce qui se passe trop souvent dans la littérature concentrationnaire, les personnages ne sont pas d'une pièce, ils sont humains. Dès sa parution en Allemagne, l'ouvrage a été considéré par les spécialistes du monde entier comme la somme définitive sur Auschwitz."



Hommes et femmes à Auschwitz
Hermann Langbein
Fayard, Paris, 1975
527 pages


CLAUDE LANZMANN
Shoah
Préface de Simone de Beauvoir


"Il n'est pas facile de parler de Shoah. Il y a de la magie dans ce film, et la magie ne peut pas s'expliquer. Nous avons lu, après la guerre, des quantités de témoignages sur les ghettos, sur les camps d'extermination; nous étions bouleversés. Mais, en voyant aujourd'hui l'extraordinaire film de Claude Lanzmann, nous nous apercevons que nous n'avons rien su. Malgré toutes nos connaissances, l'affreuse expérience restait à distance de nous. Pour la première fois, nous la vivons dans notre tête, notre coeur, notre chair. Elle devient la nôtre. Ni fiction, ni documentaire, Shoah réussit cette re-création du passé avec une étonnante économie de moyens : des lieux, des voix, des visages. Le grand art de Claude Lanzmann est de faire parler les lieux, de les ressusciter à travers les voix, et, par-delà les mots, d'exprimer l'indicible par des visages. C'est une composition musicale qu'évoque la subtile construction de Shoah avec ses moments où culmine l'horreur, ses paisibles paysages, ses lamentos, ses plages neutres. Et l'ensemble est rythmé par le fracas presque insoutenable des trains qui roulent vers les camps. Le montage de Claude Lanzmann n'obéit pas à un ordre chronologique, je dirais - si on peut employer ce mot à propos d'un tel sujet - que c'est une construction poétique. Jamais je n'aurais imaginé une pareille alliance de l'horreur et de la beauté. Certes, lune ne sert pas à masquer l'autre, il ne s'agit pas d'esthétisme : au contraire, elle la met en lumière avec tant d'invention et de rigueur que nous avons conscience de contempler une grande oeuvre. Un pur chef-d'oeuvre." Simone de Beauvoir

Shoah
Claude Lanzmann
Préface de Simone de Beauvoir
Editions Fayard, Paris, juillet 1985
220 pages



ANDRÉ LETTICH - LAZAR MOSCOVICI
1942, Convoi n°8
Préface de Henri Borlant


"Bien sûr il faut écrire, il faut parler tout en sachant que nos pauvres mots ne suffiront jamais à rendre compte de ce que furent les souffrances endurées : la faim de celui qui jour après jour maigrit, perd ses forces, accablé par le désespoir, l'abandon, la saleté, les poux, la boue, le froid ou la chaleur, les coups, les humiliations, la promiscuité, le manque de sommeil, de repos, les appels debout pendant des heures sous la pluie ou la neige, le typhus, la dysenterie, les sélections. L'intérêt exceptionnel de ces textes est lié au fait qu'ils ont été rédigés en 1945, dès le retour de déportation du Docteur André Lettich et du Docteur Lazar Moscovici avec une mémoire intacte, alors que le monde ignorait encore l'ampleur inouïe du massacre." Henri Borlant

1942, Convoi n°8
André Lettich - Lazar Moscovici
Préface de Henri Borlant
Editions du Retour, "Document", Paris, 2009
261 pages  


PRIMO LEVI
Rapport sur Auschwitz


"1946. Juste libéré d'Auschwitz, Primo Levi rédige avec Leonardo Debenedetti, à la demande de l'Armée rouge, un rapport sur l'organisation du camp de concentration pour Juifs de Monowitz. C'est son premier texte sur les camps. 1982. Primo Levi effectue, pour la seconde fois, un voyage à Auschwitz."


Rapport sur Auschwitz
Primo Levi - Leonardo Debenedetti
Présenté par Philippe Mesnard 
Editions Kimé, janvier 2005
111 pages 





PRIMO LEVI
Si c'est un homme


"Durant la Seconde Guerre mondiale, Primo Levi lutte en Piémont, aux côtés des maquisards italiens, contre les Allemands et les fascistes. Il a vingt-quatre ans, il est juif. Capturé en décembre 1943, il se retrouve peu après au terrible camp d'extermination d'Auschwitz, en Pologne, où les juifs sont en majorité. Il y demeurera un peu plus d'un an, avant que l'armée russe ne le libère en janvier 1945. Alors il observe tout, se souviendra de tout, racontera tout : la promiscuité des blocks-dortoirs; les camarades qu'on y découvre, à l'aube, morts de froid et de faim; le travail quotidien sous les coups de trique des kapos; les "sélections" périodiques où l'on sépare les malades des bien-portants afin de les envoyer à la mort; les pendaisons de quelques fortes têtes, faites en public, pour l'exemple; les trains, bourrés de juifs hongrois et de tziganes, qu'on dirige dès leur arrivée vers les crématoires... Tous ces souvenirs, Primo Levi ne les oubliera jamais. Dès son retour de captivité, il en tirera ce livre, paru sous le titre Se questo è un uomo. Publié une première fois en 1947, il ne connaîtra vraiment le succès qu'en 1958. Dès lors, ce très grand témoignage, l'un des premiers sur les camps d'extermination nazis, traduit en plusieurs langues, connaîtra le succès et ne cessera d'être lu. Il en existe même une édition scolaire italienne."



Si c'est un homme
Primo Levi
plusieurs éditions disponibles
Julliard, Paris, 1987
265 pages


PRIMO LEVI
La Trêve 


"A la fin de la Seconde Guerre mondiale, un groupe d'Italiens, rescapés des camps nazis, entame une marche de plusieurs mois : "accompagnés" par l'Armée Rouge, ils cherchent à rejoindre leur terre natale. Héros et traîtres, paysans et voleurs, savants et nomades se retrouvent pêle-mêle dans une réjouissante pagaille : autant d'hommes qui redécouvrent, émerveillés, la vie, le monde, la forêt, les filles, sans oublier l'art du trafic pour subsister... La Trêve est le récit picaresque et authentique de leurs tribulations extravagantes sur les routes d'Europe centrale. A travers la confrontation de deux peuples, Primo Levi révèle les ressources merveilleuses d'hommes qui se montrèrent à la hauteur de leur destin."

La Trêve
Primo Levi
Grasset, Les Cahiers Rouges, Paris, avril 2002
Ed. Originale : Einaudi, 1963 
268 pages 


PRIMO LEVI
Conversations et entretiens


""Savoir ce que Primo Levi portait sous la carapace de lumière qu'il s'était confesctionnée grâce à l'écriture, mais au détriment sans doute de sa sensibilité, reste une énigme. Et c'est peut-être cette énigme qui répond le mieux non seulement à la propagande négationniste, mais aussi à tous ceux qui, sous couvert de respectabilité historique, prétendent régler la question en l'expliquant de manière, disent-ils, rationnelle." Pour nous aider à y voir plus clair encore, s'il se peut, dans le mystère de Primo Levi, ces entretiens réunis et présentés par Marco Belpoliti, éditeur de ses oeuvres complètes, explorent tous les thèmes de ses livres et de sa vie."

Conversations et entretiens
Primo Levi
10/18 Bibliothèques, février 2000
313 pages




PELAGIA LEWINSKA
Vingt mois à Auschwitz


"C'est le premier témoignage sur le camp d'extermination d'Auschwitz, mais son mérite est loin de se borner à cette priorité. Il sera lu, relu et médité, parce qu'il est lui-même un témoignage réfléchi, dont l'auteur ne se contente pas de décrire simplement les horreurs vécues. Mme Lewinska sait découvrir le plan diabolique longuement mûri et patiemment exécuté du bourreau derrière ses actes de bestialité quotidiens; mais aussi la grandeur et la noblesse des victimes derrière leurs humiliations de chaque instant. Pour elle, Auschwitz n'est pas seulement un fait, mais aussi un problème que l'humanité tout entière doit s'attacher à résoudre. Qui l'emportera, de la bête ou de l'homme, de la destruction ou de la solidarité créatrice, voilà les questions que son livre nous aide à aborder dans la clarté, pour y répondre par des actes."

Vingt mois à Auschwitz
Pelagia Lewinska
Editions Nagel, "Documents contemporains", 1945
195 pages




JEAN-CLAUDE MOSCOVICI
Voyage à Pitchipoï


"Voyage à Pitchipoï raconte la tragédie d'une famille juive, en France, pendant la guerre. En 1942, l'auteur de ce livre avait six ans. Sa famille fut arrêtée, par des gendarmes allemands et français, et déportée. Le narrateur et sa petite soeur furent d'abord confiés à des voisins jusqu'à ce que le maire du village fasse appliquer la décision du capitaine SS, Commandeur de la région et responsable des mesures de répression antisémite : "L'accueil d'enfants juifs dans des familles françaises est indésirable et ne sera autorisé en aucun cas." Les deux enfants furent alors enfermés dans une prison, puis transférés au camp de Drancy, où la petite fille tomba malade par malnutrition. Sortis miraculeusement du camp, ils retrouvèrent quelques mois plus tard leur mère qui avait réussi à s'échapper lors de son arrestation et n'avait pas été reprise, malgré les portes qui s'étaient souvent fermées lorsqu'elle avait demandé de l'aide. Après des mois de vie clandestine, à la Libération, ils revinrent dans leur maison vide et abandonnée. Ils ne devaient jamais revoir leur père."





Voyage à Pitchipoï
Jean-Claude Moscovici
L'Ecole des Loisirs, "Médium", Paris, 1995
139 pages 


FILIP MÜLLER
Trois ans dans une chambre à gaz
Préface de Claude Lanzmann


"Traumatisé à vie, Filip Müller, après avoir surmonté les limites extrêmes du désespoir, a finalement décidé, trente ans après, de se souvenir. Afin que nul n'oublie. Son récit vécu sur l'innommable réalité des camps de la mort n'est comparable à aucun autre. Müller est en effet l'un des uniques survivants des commandos spéciaux des fours crématoires, commandos où se trouvaient enrôlés de force de jeunes déportés suffisamment robustes pour exécuter, sous la menace d'une mort immédiate en cas de refus, les tâches les plus immondes et les plus éprouvantes jamais demandées à des hommes. A intervalles réguliers, l'effectif complet de ces commandos était à son tour radicalement éliminé, afin qu'aucun survivant ne puisse jamais parler. Filip Müller, par un extraordinaire concours de circonstances, a miraculeusement survécu. Il a, pendant trois ans, pratiquement assisté au massacre de tout un peuple, partagé les derniers instants de tous ceux qui allaient mourir, procédé, avec ses propres mains, et dans d'indicibles conditions au transfert et à l'incinération de leurs cadavres. Son histoire, véritablement dantesque, dépouillé de tout artifice littéraire ou artistique, ne s'embarrasse d'aucune considération d'ordre psychologique. C'est uniquement le constat détaillé et souvent insoutenable d'un hallucinant cauchemar, un document historique exceptionnel à l'état brut, au ton volontairement neutre, car il est des expériences qui coupent à jamais toute envie de philosopher."

Trois ans dans une chambre à gaz
Filip Müller 
Préface de Claude Lanzmann
Pygmalion Gérard Watelet, 1980
243 pages


MIKLOS NYISZLI
Médecin à Auschwitz
Souvenirs d'un médecin déporté


"Après tant d'enquêtes, d'études, de films, de témoignages et de procès monumentaux, dont aujourd'hui même celui d'Eichmann n'a sans doute pas clos la série, nous ignorions encore beaucoup de choses sur le monstrueux phénomène des camps d'extermination et ce sont ces choses que nous apprend le journal du médecin hongrois Myklos Nyiszli déporté à Auschwitz en 1944. Le SS Mengele, médecin chef du camp, l'un des plus singuliers criminels de l'Histoire, qui prétendit mettre son sadisme au service d'une recherche scientifique aberrante, nomme le Docteur Nyiszli médecin légiste et anatomiste des commandos spéciaux des crématoriums. Ces derniers formaient un enclos isolé du reste, où n'entrait nulle personne étrangère au service, fût-elle SS. Le personnel était "relevé", c'est-à-dire exterminé tous les quatre mois. De ces commandos de "morts vivants", le Docteur Nyiszli a réchappé; il porte avec une précision et une objectivité terribles le témoignage de ce qu'il y a vu et vécu. Sa situation très particulière lui permit de connaître des aspects d'Auschwitz et d'avoir sur la mentalité des SS des aperçus qui constituent actuellement encore de stupéfiantes révélations."



Médecin à Auschwitz
Souvenirs d'un médecin déporté 
Myklos Nyiszli
plusieurs éditions disponibles 


DAVID ROUSSET
L'Univers concentrationnaire 


"Cet ouvrage a été écrit en août 1945. Sa publication suscita un profond retentissement, couronné, en 1946, par l'attribution du Prix Théophraste Renaudot. Bien des années ont passé depuis lors, et une nouvelle génération est arrivée à l'âge des idées et des passions pour qui le monde concentrationnaire apparaît déjà dans un fabuleux passé. L'actuelle réédition permettra sans aucun doute de situer définitivement L'Univers concentrationnaire parmi les grands classiques de notre époque."



L'Univers concentrationnaire
David Rousset
Les Editions de Minuit, Paris, 1965
190 pages




JORGE SEMPRUN - ELIE WIESEL
Se taire est impossible


"Deux hommes aux destins incomparables, deux hautes figures de notre temps, Elie Wiesel et Jorge Semprun, s'étaient croisés sans se connaître en 1945 dans le camp de concentration nazi de Buchenwald. En 1995, ils se retrouvent pour évoquer leur expérience commune et en même temps différente. Des réflexions et des questions fondamentales surgissent au cours de cette rencontre."


Se taire est impossible
Jorge Semprun - Elie Wiesel
Mille et une nuits, n°85, janvier 2001
48 pages 







W.L. SHIRER
Les années du cauchemar 1934-1945


""Ceux qui n'ont pas voulu comprendre cette histoire sont condamnés à la revivre." Ce verdict d'un des plus grands journalistes américains exprime, mieux que tout commentaire, l'hallucinant périple de William Shirer, témoin de l'apocalypse de l'Occident et crépuscule de Hitler et de ses faux dieux. Un grand témoignage d'un représentant de la "Big Generation"".

Les années du cauchemar 1934-1945
W.L. Shirer
Editions Plon, avril 1985
449 pages 








IONAS TURKOV
En Pologne, après la Libération


"En Pologne, après la Libération, les rares Juifs, "survivants par miracle" (Turkov) qui ont échappé à la Shoah, espèrent commencer une vie nouvelle. Leur désillusion est terrible, marquée par le retour d'un antisémitisme virulent, ponctué d'assassinats et de pogroms, et par la montée en puissance des communistes dans l'appareil d'Etat, au milieu de compatriotes dont beaucoup tentent de "terminer le travail" des nazis. Telle est la réalité dont témoigne ici Ionas Turkov. Celui que la presse juive considérait en 1944 avec son épouse Diana Blumenfeld, chanteuse de music-hall, comme "les seuls représentants du monde culturel juif à s'être sauvés du ghetto de Varsovie", fait le tableau de la difficile reconstruction de la Pologne. Ionas Turkov raconte son quotidien à Lublin, l'angoisse de ne pas retrouver sa fille et la nécessité, constante, de dissimuler sa judéité. Il décrit ses tentatives pour faire connaître au monde la véritable situation des Juifs polonais et pour déconseiller aux expatriés de rentrer en Pologne. Il évoque les enfants juifs rescapés et les rançons exigées pour leur restitution. Ce triste constat, cette "décevante liberté" vont le conduire à s'exiler définitivement. Tout d'abord aux Etats-Unis, puis en Israël où il s'installe en 1966 et où il meurt en 1982. Cet ouvrage constitue le dernier opus de son journal."

En Pologne, après la Libération
L'impossible survie des rescapés juifs
Ionas Turkov
Editions Calmann-Lévy, "Témoignage", septembre 2008
293 pages



SHLOMO VENEZIA
Sonderkommando
Dans l'enfer des chambres à gaz
Préface de Simone Veil


"Je lis de très nombreux récits d'anciens déportés qui me replongent chaque fois dans la vie du camp. Mais celui de Shlomo Venezia est particulièrement bouleversant puisqu'il est le seul témoignage complet que nous ayons d'un survivant des Sonderkommandos... La force de ce témoignage tient à l'honnêteté irréprochable de son auteur qui ne raconte que ce que lui-même a vu, sans rien omettre... Avec ses mots simples, Shlomo Venezia redonne vie aux visages émaciés, aux regards exténués, résignés et souvent terrorisés, de ces hommes, de ces femmes et de ces enfants qu'il croise une seule et dernière fois... La voix de Shlomo Venezia, comme celle de tous les déportés, s'éteindra un jour, mais il restera ce dialogue entre un témoin qui a vu, un des derniers, et une jeune-femme, représentante de la nouvelle génération, qui a su l'écouter..." Simone Veil

Sonderkommando
Dans l'enfer des chambres à gaz
Shlomo Venezia
Préface de Simone Veil
Albin Michel, Paris, janvier 2007


Des voix sous la cendre
Manuscrits des Sonderkommandos d'Auschwitz-Birkenau


"Entre 1942 et novembre 1944, l'Allemagne nazie assassine dans les chambres à gaz d'Auschwitz-Birkenau plus d'un million de personnes, des Juifs européens dans leur immense majorité. Un Sonderkommando (unité spéciale), constitué de détenus juifs qui se relaient jour et nuit, est contraint d'extraire les cadavres des chambres à gaz, de les brûler dans les crématoires et de disperser les cendres. Quelques hommes ont transmis ces ténèbres et ont enfoui leurs manuscrits dans le sol de Birkenau. Cinq de ces textes ont été retrouvés après la guerre. Aucun de leurs auteurs n'a survécu, les équipes étant liquidées et remplacées à intervalles réguliers. Ce sont trois de ces manuscrits, dans une nouvelle traduction du yiddish pour partie inédite en français, qui sont présentés ici. La terreur, qui est la règle de Birkenau, est la toile de fond de cette histoire. C'est d'elle dont parlent tous les manuscrits retrouvés. Du silence, de l'absence d'évasion, de ce monde à l'envers où le meurtre est devenu la norme et l'impératif moral d'un peuple saisi d'une angoisse obsidionale. S'y ajoutent les dépositions, lors du procès de Cracovie en 1946, de trois rescapés des Sonderkommandos, témoignages qui confirment, entre autres, l'intensité du massacre des Juifs de Hongrie au printemps 1944, les documents d'histoire, les photos de déportations, les archives allemandes. Témoignages qui racontent la panique de la chambre à gaz, des victimes mortes asphyxiées, piétinées avant même que n'opère le gaz, dans des scènes à proprement parler inimaginables. Mais qui évoquent aussi la jouissance prise à humilier et à martyriser autrui, le sadisme sans limites, puisque tout était permis contre un peuple placé hors humanité."

Des voix sous la cendre
Manuscrits des Sonderkommandos d'Auschwitz-Birkenau
Préface de Georges Bensoussan
Editions Calmann-Lévy, "Témoignage", Paris, février 2005
443 pages


RUDOLF VRBA
Je me suis évadé d'Auschwitz

"Le 14 avril 1944, deux jeunes gens, Rudolf Vrba et Fred Wetzler s'évadent d'Auschwitz. Ils n'ont qu'une hâte : témoigner. Il faut faire vite. Le 25 avril leur Rapport sur les camps de concentration d'Auschwitz-Birkenau Maïdanek est transmis au chef de la sécurité juive de Hongrie, puis au Pape, à Roosevelt, à Churchill. On sait la suite : en Hongrie, sur un million de juifs, quatre cent mille seront assassinés. Le monde libre a tardé à réagir. Je me suis évadé d'Auschwitz est la matière humaine qui a nourri le Rapport. Humaine et inhumaine. Une chronique méticuleuse, sordide et sublime, désespérée et emplie d'espoir. Un témoignage dont chaque page se grave dans la mémoire du lecteur. Vrba fut interné en juin 1942. Affecté au "Sonderkommando" (Service des biens confisqués), il devient ensuite secrétaire du Camp de la Quarantaine. Où qu'il soit Vrba note, répertorie, enquête, démonte la mécanique nazie. Il comptabilise. Travail fou où le souci de vérité sert de fil rouge. Je me suis évadé d'Auschwitz, nous apporte un éclairage nouveau sur ce que fut la réalité du camp. Sur des faits peu connus, par exemple la tentative d'insurrection (qu'il relate, en partie, dans le film de Claude Lanzmann, Shoah). Sur la capacité qu'ont eue des hommes décidés à résister."



Je me suis évadé d'Auschwitz
Rudolf Vrba avec Alan Bestic
Ramsay, Document, Paris, janvier 1988
400 pages


ELIE WIESEL
La Nuit


"La Nuit, écrivait Elie Wiesel en 1983, est un récit, un écrit à part, mais il est la source de tout ce que j'ai écrit par la suite. Le véritable thème de La Nuit est celui du sacrifice d'Isaac, le thème fondateur de l'histoire juive. Abraham veut tuer Isaac, le père veut tuer son fils, et selon une tradition légendaire le père tue en effet son fils. L'expérience de notre génération est, à l'inverse, celle du fils qui tue le père, ou plutôt qui survit au père. La Nuit est l'histoire de cette expérience."

La Nuit
Elie Wiesel
Les Editions de Minuit, collection "Double", janvier 2010
200 pages








ELIE WIESEL
Coeur ouvert




De violentes douleurs à la poitrine, un médecin rassurant : "Rien au coeur" Quelques jours après, pourtant, ce dernier flanche.
Incrédule, récalcitrant, Elie Wiesel est opéré à New York, in extremis. Au bloc, il a toutes les raisons de croire qu'il va s'enfoncer dans un silence définitif. Ce passage de la vie à la mort - tout sauf un vide, découvre-t-il - se peuple d'émotions, de visages, de mémoires, d'interrogations sur lui-même et sur Dieu. Bilan d'une existence et d'une mission. Revenu à la vie, le Prix Nobel de la paix, auteur immortel de La Nuit, inlassable ambassadeur de la tolérance, Juif universel qui n'a, au moment de partir, qu'une seule certitude, sa foi, livre le récit si rare de cette traversée du mur invisible. 


Coeur ouvert
Elie Wiesel
Flammarion, Essai, novembre 2011
87 pages